Jean Moulin
Théâtre Dejazet - Paris
Joué du 18 octobre au 15 novembre 2018
Durée : 2h15
Jean Moulin entre en scène. Pas en cendres, au panthéon, à l'appel de Malraux, mais en chair et en os sous les traits d'un talentueux comédien. Avec cette femme piquante qui éblouit le spectateur durant toute la pièce, son amoureuse platonique, le préfet Moulin tente de sauver ce qui peut l'être, à la préfecture de l'Eure-et-Loire, alors que les nazis prennent possession de la France défaite. Puis il est arrêté. Puis il est torturé. L'on veut lui faire dire que des tirailleurs sénégalais ont tué sauvagement des civils morts déchiquetés sous les bombes de l'armée du Reich. Il refuse d'accuser les soldats africains, "ces négres sauvages" comme les appelle ses tortionnaires, et tente de se suicider. Puis il réussit à s'échapper.
S'ensuit une vie de résistant entre Londres où il reçoit la confiance et les directives du général De Gaulle, les maquis sur le territoire français qu'il coordonne, les rivalités avec l'aile droite de la résistance (lui représentant l'aile gauche). Il cède au découragement parce qu'il n'arrive pas à enrôler suffisamment de combattants.
Alors arrive l'une des grandes leçons politiques et historiques de la pièce : les gens se battent rarement pour un idéal, ils se battent souvent contre une atteinte à leur confort personnel. En atteste la ruée des jeunes français vers les rangs de la résistance à partir du moment où Hitler décide de les enrôler de force pour servir de main d'oeuvre aux allemands empêtrés et perdant beaucoup de soldats sur le front où ils guerroient contre les soviétiques. Jean Moulin confie à sa sœur sa déception. Pendant que la résistance attire de plus en plus de jeunes, il constate ce qu'il considère comme un échec. L'échec de ne pas avoir réussi à les enrôler pour l'idéal de la libération de la France mais de les voir entrer en clandestinité seulement parce qu'ils refusent d'être soumis à du travail forcé dans l'armée allemande.
L'autre leçon politique est la mise en lumière des rivalités personnelles et idéologiques dans le mouvement qui débouche sur une trahison. La trahison de Jean Moulin par un membre de la résistance qui le jette dans la gueule de l'occupant. Arrêté une nouvelle fois, il ne survivra pas à la torture.
Et De Gaulle mis au courant de sa mort n'a qu'un mot à la bouche: "continuez!".
Car à la guerre les héros périssent mais l'idéal de victoire demeure et ne peut souffrir un quelconque apitoiement sur la mort d'un combattant aussi valeureux soit-il. Les hommages et l'entrée du corps réduit en cendres au Panthéon viendront après la victoire.
Jean Moulin
De
Jean-Marie Besset
Mise en scène
Régis de Martrin-Donos
Avec
Jean-Marie Besset
Laurent Charpentier
Stéphane Dausse
Michael Evans
Loulou Hanssen
Laure Portier
Sébastien Rajon
Sophie Tellier
Gonzague Van Bervesselès
En quatre actes,
1940, Invasion,
1941, Résistance,
1942, Organisation,
1943, Passion,